Pourquoi apprendre les langues anciennes?
Il y a quelques décennies à peine, l’enseignement du latin et du grec ancien était quasi universel dans nos écoles. Petit à petit, cependant, ces deux langues – pourtant fondatrices de la civilisation occidentale – sont tombées dans l’oubli jusqu’à ne devenir qu’un cours facultatif au collège et au lycée! Bien sûr, c’est au profit de l’enseignement de langues vivantes que s’est opéré ce changement. En soi, ce n’est pas une mauvaise chose: l’apprentissage de langues, peu importe la nature, est un excellent exercice pour l’esprit en formation. Malgré cela, de par leur histoire monumentale, leur littérature légendaire et leur grammaire particulière, les langues mortes ont des avantages qui leur sont bien propres.
La forme des langues très flexionnelles comme le latin et le grec ancien est en soi un de ces avantages. Entre autres, le système assez complexe de déclinaison des mots – c’est-à-dire le changement de la terminaison d’un nom ou d’un adjectif selon sa fonction grammaticale – demande une bonne compréhension de la langue. Puisqu’il est nécessaire de bien connaître les différentes parties de la langue, cette compétence se traduit dans tous les autres domaines linguistiques, les cours de français par exemple! Un complément direct reste un complément direct, qu’il s’agisse de mettre un adjectif à l’accusatif en latin ou de placer un objet après le verbe en français. Ces deux langues étant la source de l’étymologie de la plupart des mots de notre langue, leur étude est un moyen sûr d’agrandir son vocabulaire!
Ainsi, de bien connaître les langues mortes, c’est de bien connaître ses racines. En effet, les textes qui nous ont été transmis en latin et en grec ancien sont devenus des pierres angulaires de notre société. Cicéron nous permet de mieux connaître notre système juridique, par exemple, alors que Platon et Aristote nous laissent jeter un oeil sur la naissance de la rationalité. Bien qu’il soit possible de lire des traductions, rien ne vaut ce contact personnel avec le texte qui n’est possible qu’en le lisant dans sa langue originale. Il ne faut pas oublier que ces langues ont été en usage pendant plus de deux millénaires et demi. Eh oui, des oeuvres en latin sont encore publiées aujourd’hui. Il est donc naturel que la variété de textes littéraires, de documents, de poèmes et même de podcasts et de films est pratiquement infinie. Peu importe ce que l’on aime lire, l’usage de ces langues apporte une nouvelle façon de voir l’Histoire et les mythes qui ont forgé notre propre imaginaire populaire.
En somme, bien qu’il soit vrai que ces langues ne permettent pas d’être mieux compris en voyage ou de consommer les derniers médias de masse, elles sont définitivement un outil bien utile à posséder. Plutôt que d’ouvrir à une culture étrangère contemporaine, elles donnent une nouvelle perspective à une culture qui nous est déjà familière et qui, plus est, forme la base de notre propre culture. De la littérature à la musique actuelle ou l’architecture, l’influence du monde antique est indéniable. Combien de bâtiments, par exemple, sont encore affublés de colonnes corinthiennes? L’effet est même visible jusque dans notre langue dont la grammaire, le vocabulaire et cetera (vous voyez?) reflètent leur passé gréco-romain. C’est à se demander: ces langues sont elles réellement mortes?
Par W.B.